Cote et valeur des tableaux, dessins, peintures de Chaïbia Talal

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Cote et valeur de l’artiste Chaïbia Talal          

L’artiste Chaïbia Talal laisse derrière elle une œuvre assez colorée et figurative, elle est célèbre pour ses toiles et dessins. Désormais, les prix de ses œuvres augmentent au marteau des commissaires-priseurs.

Ses peintures sont particulièrement prisées, surtout par les acheteurs américains. Le prix auquel elles se vendent sur le marché de l’art s’échelonne entre 160€ et 210 000€, un écart conséquent mais qui en dit beaucoup sur la valeur qui peut être attribuée aux œuvres de Chaïbia Talal.

En 2020, Les tisseuses de chtouka, Paris, janvier 1987, une huile sur toile datant de 1987 très colorée a été vendue à hauteur de 210 000€, alors qu’elle était estimée entre 160 000 et 180 000€.

Ordre de valeur allant d’une œuvre simple à la plus prestigieuse

Le style et la technique de Chaïbia Talal   

Chaïbia Talal (1929 – 2004) est une figure majeure de l’art naïf marocain et de la modernité autodidacte. Son esthétique est intuitive, spontanée et libérée des canons académiques. Son œuvre s’inscrit dans une dimension symbolique, féminine et populaire, nourrie par les traditions marocaines.

Elle représente des figures humaines stylisées (femmes, enfants, musiciens, groupes rituels). Ses motifs récurrents sont des fleurs, oiseaux, lunes et éléments ornementaux inspirés des tissus et tapis marocains. Ses corps sont simplifiés, parfois disproportionnés, avec des silhouettes frontales.

Ses visages sont schématiques, avec de grands yeux ovales et une bouche réduite à un signe pictural. Il n’y a pas de modelé volumétrique, la figure se lit comme une icône ou un motif symbolique plus que comme un portrait réaliste. Sa palette est extrêmement vive et saturée, avec des rouges, jaunes, bleus cobalt, verts acides et roses.

Elle utilise des aplats francs, sans dégradés, parfois juxtaposés dans des contrastes forts. La couleur est un langage émotionnel direct, associé à la célébration et à l’énergie vitale. La lumière est conceptuelle, et non naturaliste. On remarque une absence d’ombres portées ou de sources lumineuses identifiables.

L’espace lumineux est créé par la simple intensité colorée. L’organisation est frontale, et quasi architecturée, avec des figures disposées en rangées avec des symétries intuitives. Les espaces sont remplis de motifs et d’ornements, en écho à l’esthétique populaire marocaine.

Les espaces sont remplis de motifs et d’ornements, en écho à l’esthétique populaire marocaine. Elle montre une tendance à la platitude décorative, héritée des arts vernaculaires (tissages, céramiques et peintures rituelles). La sauvegarde du vide est rare, avec des compositions souvent denses et saturées, dans un mouvement ascendant.

La peinture est généralement appliquée en aplats épais, sans glacis ni repentirs visibles. Le pinceau est parfois remplacé par un geste plus direct et impulsif. La composition est intuitive, avec une absence de dessin préparatoire et une spontanéité revendiquée.

Elle travaille sur toile ou carton, avec une matière volontairement brute et simple. Elle est culturellement influencée par les traditions berbères, les motifs textiles et les couleurs vives des souks, mais aussi les récits populaires, les visions oniriques et la cosmologie intuitive (soleils, lunes, symboles protecteurs).

Son œuvre est profondément émotive, célébrant la joie, la communauté et l’énergie féminine. Elle représente un monde rêvé, protecteur, en opposition aux difficultés de sa vie réelle. Elle perçoit l’art comme un acte de liberté, en refusant la figuration réaliste au profit de la poésie visuelle.

La vie de Chaïba Talal  

Chaïba Talal (1929 – 2004) est née à Chtouka (près d’El Jadida, au Maroc) dans un milieu rural et modeste. Elle est orpheline très jeune et mariée à 13 ans à un homme plus âgé. Elle devient mère à 14 ans. Sa vie est marquée par la pauvreté et un accès limité à l’éducation. Elle est analphabète, et apprend surtout par l’observation, la mémoire et le geste.

Avant la peiture, elle travaille comme domestique et ouvrière agricole. Elle est veuve très jeune aussi, et doit subvenir seule aux besoins de son fils, le futur artiste Hossein Talal. Son expérience quotidienne est difficile, mais son imagination fertile est nourrie par les traditions orales et les motifs vernaculaires.

Selon ses dires, elle fait un rêve prémonitoire à 25 ans qui lui indique qu’elle deviendra peintre. Elle commence de manière autodidacte, sans aucune formation académique, et utilise des matériaux simples (cartons, papiers, peintures bon marché). Son geste pictural est totalement instinctif, animé par un besoin d’expression intérieure.

Son talent est reperé grâce à son fils, lui-même jeune artiste, et à des peintres marocains installés à Casablanca. Elle est présentée à l’artiste et critique Ahmed Cherkaoui, puis au poète et peintre Jean-François Thomé, qui jouent un rôle important dans sa découverte.

Chaïma Tabal expose pour la première fois au début des années 1960 et suscite un étonnement mêlé d’admiration pour la force intuitive de son travail. Dans les années 1970 – 1980, elle multiplie les expositions au Maroc, puis à l’étranger (France, Danemark, Italie, Belgique).

Elle devient l’une des figures emblématiques de l’art naïf marocain et de l’expression autodidacte féminine, et représente le Maroc à de grandes manifestations culturelles en participant activement à la reconnaissance de la peinture marocaine.

Les thèmes biographiques reflétés dans son œuvre son des femmes dignes et colorées ainsi que des figures protectrices avec une transposition idéalisée de son propre vécu. Elle représente des scènes de matérnité, fêtes communautaires et rituels populaires.

Chaïba Talal est la première femme marocaine à obtenir une reconnaissance artistique majeure, et elle est une figure fondamentale de l’émergence de la modernité picturale au Maroc, hors académisme. Elle inspire plusieurs générations d’artistes autodidactes, notamment féminins, et est aujourd’hui considérée comme un pillier de l’art marocain au XXème siècle et une icône de la créativité populaire féminine.

Segmentation du marché et cote de l’artiste

Les types d’œuvres en circulation sont surtout les huiles sur toile, qui constituent le segment principal et le plus recherché, avec une forte demande internationale. On trouve également des gouaches et techniques mixtes sur papier, avec un marché secondaire actif, et plus accessible.

Derrière, les dessins sont d’une rareté relative mais restent un segment recherché par les collectionneurs d’art brut et naïf. Ses œuvres tardives et typiques très colorées ont une bonne liquidité mais leur valorisation est aussi dépendante de leur qualité.

Les petits formats (inférieurs à 40 cm) avec des portraits stylisés et des figures féminines constituent un segment très liquide. Les formats moyens (40 – 80 cm) constituent le cœur du marché, et les compositions figuratives complètes y dominent.

Les grands formats supérieurs à 80 cm sont plus rares et très valorisés, particulièrement en Europe et au Golfe. Les sujets les plus recherchés sont les figures féminines emblématiques, les silhouettes frontlaes à grands yeux, les scènes festives, réunions de femmes, matérnités, symboles protecteurs avec une forte demande.

Les compositions iconiques qui cumulent plusieurs motifs (femmes, fleurs, symboles) sont les plus cotées. Les critères de valorisation sont donc la typicité maximale (couleurs vives, silhouettes schématiques, composition frontale), la période (1970 – 1980 sont les décennies les plus recherchées).

On note également l’importance de la palette avec la saturation qui est mieux valorisée que les œuvres plus sombres, mais aussi l’état de conservation (vernis stable, absence de craquelures sur les aplats épais), la provenance (collections marocaines émblématiques, galeries pionnières (Charpentier, Paris).

La France est un marché historiquement important notamment grâce à l’École de Paris et aux galeries qui l’ont soutenue. La liquidité est très élevée pour les petits et moyens formats typiques, bonne pour les gouaches et œuvres sur papier, excellente pour les œuvres iconiques à forte stylisation et plus variable pour les œuvres tardives moins structurées.

Désormais, elle fait partie des artistes africaines les mieux cotées aux enchères ; et figure en bonne place parmis ses collègues femmes, suivant la cote ascendante des plus élevées du marché comme Bahia Mahieddine, Leonora Carrington, Tamara de Lempicka ou Etel Adnan.

Sa signature

Les œuvres de Chaïbia Talal ne sont pas toutes signées.

Même s’il y existe des variantes, voici un premier exemple de sa signature:

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