Cote et valeur des tableaux, dessins, peintures de Huguette Caland

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Cote et valeur de l’artiste Huguette Caland     

Huguette Caland est une artiste connue des amateurs d’art moderne et contemporain. À présent, les prix de ses œuvres augmentent au marteau des commissaires-priseurs.

Ses huiles sur toile sont particulièrement prisées, surtout par les acheteurs américains, et le prix auquel elles se vendent sur le marché de l’art s’échelonne entre 170€ et 401 900€, un delta important mais qui en dit long sur la valeur qui peut être attribuée aux œuvres de l’artiste.

En 2023, son huile sur toile sans titre datant de 1980 a été vendue à hauteur de 401 900€, tandis qu’elle était estimée entre 230 000 et 340 000€. Sa cote est en forte hausse.

Ordre de valeur allant du plus basique au plus prestigieux

Les œuvres et le style de Huguette Caland

Huguette Caland (1931 – 2019) est une artiste libanaise inclassable qui a travaillé avec de nombreux médiums. Son œuvre se situe entre abstraction, dessin textile et exploration du corps. Elle développe dès les années 70 un langage graphique singulier, situé entre abstraction biomorphe, motif décoratif, dessin et calligraphie libre.

Elle déconstruit ainsi les genres traditionnels en fusionnant peinture, dessin, textile, performance et corps féminin. Son œuvre ne sépare jamais forme et désir, elle travaille avec une esthétique de la suggestion, où chaque ligne peut être un contour, un pli ou une trace.

Caland utilise une ligne souple, fine et sineuse, souvent à l’encre, au crayon ou à l’acrylique, qui traverse la surface sans rupture ; c’est le fondement de son langage. La ligne n’entoure pas mais organise l’espace, et se déploie comme un fil narratif ou corporel, évoquant à la fois les plis d’un tissu ou les replis d’un corps.

Dans ses séries dessinées comme Bribes de corps, elle pratique une calligraphie sensuelle, où le contour et le motif deviennent presque organiques. Elle privilégie une palette sobre à travers des gammes restreintes et subtiles (tons chair, beiges, blancs cassés, roses sourds) parfois ponctués de rouges vifs ou de noirs profonds.

Elle utilise la transparence de l’acrylique ou de l’encre afin de créer des effets de voile, de peau et de vibration diffuse. La couleur est rarement modelée : elle remplit, souligne et respire, elle est souvent posée à plat afin de valoriser la matérialité du support.

Dans ses caftans peints ou brodés (créés à partir des années 1970), elle transforme le vêtement en espace pictural à part entière et fusionnant peinture, sculpture et art du corps. Les borderies suivent aussi des motifs abstraits, érotiques ou topographiques, jouant sur le lien entre ornement et peau.

Huguette Caland brouille ainsi les frontières entre art « mineur » (textile) et art « majeur » (peinture). Le corps féminin est omniprésent dans son travail, mais jamais représenté frontalement : il est évoqué, morcelé, dilaté et rendu abstrait pas excès de proximité.

La vie de Huguette Caland

Huguette Caland est née à Beyrouth en 1931, dans une famille connue du grand public, puisque son père était Béchara El Khoury, premier président du Liban indépendant. Elle grandit dans un milieu bourgeois francophone, cultivé mais conservateur, ce qui alimente tôt son désir de liberté et d’émancipation.

Elle se marie jeune avec un homme d’affaires, avec lequel elle a trois enfants, mais choisit à plus de 30 ans de devenir artiste à temps plein, contre les attentes sociales de son milieu. Elle se forme donc à la peinture à l’American University of Beirut.

Dans les années 1960, elle commence à exposer au Liban, avec des œuvres déjà marquées par une écriture graphique libre. En 1970, elle quitte seule le Liban pour Paris afin de se consacrer entièrement à sa carrière artistique.

À Paris, elle fréquente les milieux artistiques et fait plusieurs rencontres marquantes (Giacometti, Brancusi, Picasso et Pierre Restany) et développe ses premières séries majeures. Elle créé à cette époque ses célèbres caftans peints et brodés, qui fusionnent art textile et langage corporel.

En 1987, elle s’installe à Venice Beach (Los Angeles) où elle vivra plus de 25 ans dans une maison – atelier devenue lieu d’expérimentation libre et cosmopolite. Elle refuse toute affiliation à un courant ou une école et développe une œuvre entièrement indépendante, à la fois abstraite, charnelle et méditative.

Elle ne revendique pas un féminisme militant mais incarne une liberté profonde dans le regard porté sur le corps, le genre et le désir. Huguette Caland travaille hors des circuits commerciaux classiques, ce qui retarde la reconnaissance de son œuvre, notamment au Liban et dans les pays arabes.

Dans les années 2010, elle connaît une redécouverte internationale, puisque ses œuvres sont exposées à la Biennale de Venise en 2017, à la Tate St Ives, à la Sharjah Foundation, au Drawing Center de New-York et dans d’autres lieux.

Huguette Caland meurt à Beyrouth en 2019, quelques mois après être revenue s’y installer de nouveau. Elle est désormais considérée comme une figure majeure de l’art transnational féminin, ayant brouillé les frontières entre Orient et Occident, art et artisanat, corps et abstraction.

Focus sur Bribes de corps #296, Huguette Caland, vers 1973

Bribes de Corps est une série réalisée par Huguette Caland vers 1973. Au sein de cette série, Bribes de Corps #296 est une huile sur toile de grand format (environ 150 x 150 cm). Il s’agit sans doute de la série la plus emblématique de son œuvre, entamée après son installation à Paris, où la matière et la forme deviennent un terrain d’exploration érotique et formelle.

Le tableau adopte une abstraction corporelle, dans la mesure où les courbes sont généreuses et les volumes sont arrondis, évoquant la chair sans représentation explicite. La structure est essentiellement plane, proche du color field, avec un usage de bordures adoucies, sans perspective, qui affirment l’élément pictural comme surface autonome.

Sa palette est éclatante, dominée par des verts profonds, jaunes lumineux ou roses vifs selon les versions. La couleur opère non seulement comme remplissage mais comme zone sensorielle, soulignant la densité tactile et épidermique de la chair représentée.

Cette géographie du corps propose une lecture du féminin fragmenté, libre et non militarisée, célébrant le cycle des formes sans jugement ni pudeur. Caland adopte un geste formel abstractionniste et sensuel, revendiquant une poétique intime où le corps devient une topographie du désir assumé.

Bribes de Corps #296 marque par conséquent un tournant dans l’œuvre de Caland, puisqu’elle est affranchie des codes européens, et créé un art corporaliste et libre où la sexualité ne se cache pas derrière l’abstraction. La toile dialogue avec l’histoire américaine du Color Field tout en y insérant une lecture féminine et diasporique, anticipant les mouvements féminines plastiques internationaux.  

Sa signature

Les œuvres de Huguette Caland ne sont pas toutes signées.

Même s’il y existe des variantes, voici un premier exemple de sa signature :

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