Cote et valeur des tableaux, dessins, peintures de Etel Adnan

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Cote et valeur de l’artiste Etel Adnan    

Etel Adnan est une artiste connue des amateurs d’art moderne et contemporain. À présent, les prix de ses œuvres augmentent au marteau des commissaires-priseurs.

Ses huiles sur toile sont particulièrement prisées, surtout par les acheteurs américains, et le prix auquel elles se vendent sur le marché de l’art s’échelonne entre 250€ et 409 080€, un delta important mais qui en dit long sur la valeur qui peut être attribuée aux œuvres de l’artiste.

En 2024, son huile sur toile sans titre datant de 1970 a été vendue à hauteur de 409 080€, tandis qu’elle était estimée entre 175 320 et 233 760€. Sa cote est en forte hausse.

Ordre de valeur allant du plus basique au plus prestigieux

Les œuvres et le style de Etel Adnan

Etel Adnan (1925 – 2021) est une artiste, poète et penseuse libano-américaine qui a produit une œuvre picturale singulière et libre. Elle est à l’origine d’une production que l’on peut qualifier d’abstraction colorée, synthétique et directe.

À partir des années 1970, Etel Adnan développe une peinture abstraite très épurée, composée de formes géométriques simples (soleil, montagne, mer, carré, bande, cercle) qui sont souvent posées à plat sur des fonds colorés.

Elle refuse tout naturalisme descriptif, sa peinture est une condensation de sensations, d’espaces intérieurs et d’horizons vécus. Le motif récurrent de la montagne (notamment le Mont Tamalpais) devient une sorte d’axe sensible et spirituel de son œuvre.

Elle travaille la plupart du temps à l’huile sur petit format, souvent sur des panneaux ou toiles de dimensions modestes, utilisés avec des couteaux à peindre (et non des pinceaux) afin d’appliquer la matière en aplats denses, nets et sans repentir.

La peinture est posée avec énergie directe et joyeuse, sans planification détaillée et proche de l’acte d’écriture (qu’elle connaît aussi très bien dans sa carrière) ou encore de la composition musicale.

Les couleurs qu’elle utilise sont intenses et franches : jaune citron, rouge coquelicot, bleu indigo, vert émeraude et rose franc. Elles sont souvent juxtaposées par grands aplats, les teintes ne cherchent pas l’harmonie classique mais une tension vibrante.

Chaque couleur a chez Etel Adnan une valeur affective et spirituelle, qui n’est pas symbolique mais pleinement vécue par l’artiste. Son art est très lié à l’écriture car elle a d’abord été poète et philosophe, et la peinture apparaît comme une autre forme de langage parallèle à la poésie.

L’espace pictural est conçu comme un lieu de respiration, d’équilibre, d’éveil et est influencé par sa vision du monde et ses exils (Liban, Californie, France). Elle parle de la peinture comme d’un « lieu de silence » où la pensée et l’émotion prennent forme autrement que par les mots.

Loin des académismes et des avant-gardes agressives, elle développe une peinture intuitive, profondément personnelle mais immédiatement accessible et lisible. Son œuvre a souvent été rapprochée de la tradition de la peinture orientale, des miniatures, de l’art japonais ou du modernisme américain. Malgré cela, elle n’a jamais revendiqué aucune appartenance.

Elle incarne un geste pictural méditatif et lumineux, ancré dans le quotidien mais ouvert à la transcendance.

La vie de Etel Adnan

Etel Adnan (1925 – 2021) est une figure artistique majeure de la création littéraire et artistique du XXème et du XXIème siècle. Née à Beyrouth dans une famille multiculturelle, elle est issue d’un père syrien musulman qui fut officier ottoman, et d’une mère grecque chrétienne de Smyrne, réfugiée après 1922.

Sa langue maternelle est le grec mais elle parle aussi l’arabe, le français et l’anglais. Ce multilinguisme profond façonne ainsi toute son œuvre. Son enfance est marquée par l’exil, les ruptures culturelles, mais aussi par la beauté des paysages libanais auxquels elle tiendra pendant toute sa vie.

Elle étudie la philosophie à la Sorbonne puis aux États-Unis à Berkeley et Harvard dans les années 50. Elle s’installe ensuite en Californie où elle enseigne la philosophie à l’université de San Rafael pendant plus de vingt ans.

Etel Adnan commence à écrire en anglais dans les années 1960, puis revient au français dans les années 1970. Elle écrit de nombreux essais, poèmes, journaux, pièces de théâtres et divers récits, notamment L’Apocalypse arabe (1975) et Sitt Marie-Rose (1978), un récit emblématique sur la guerre civile au Liban.

Sa plume mélange lyrisme, engagement, méditation politique et expérience de l’exil, avec une voix qui se veut à la fois personnelle et universelle. Elle prend clairement position contre les guerres, les injustices, les oppressions culturelles tout en refusant la posture idéologique.

Elle commence à peindre dans les années 1970, d’abord en Californie, puis à Paris, voyant à l’époque la peinture comme une extension silencieuse de la poésie. Elle travaille également la tapisserie, le leporello (livres accordéon peints) et la céramique, affirmant ainsi une pratique libre et transversale.

Etel Adnan ne se réclame d’aucun mouvement, mais elle est reconnue tardivement comme une figure majeure de l’abstraction poétique contemporaine. À partir des années 2010, sa peinture connaît un renouvellement d’intérêt international : ont lieu des expositions à la Documenta 13 (Kassel, 2012), au musée de l’Institut du monde arabe et au Centre Pompidou (2021).

Aujourd’hui, à l’image de certaines de ses consœurs comme Janet Sobel, Vera Molnar ou Tamara de Lempicka, sa cote est en nette augmentation et ses œuvres suscitent un intérêt très important sur le marché de l’art.

Elle meurt à Paris en novembre 2021, âgée de 96 ans. Légataire d’une œuvre double (visuelle et littéraire), elle est aujourd’hui considérée comme l’une des plus grandes voix artistiques de la Méditerranée moderne, et comme un pont vivant entre Orient et Occident.

Focus sur Untitled, Etel Adnan, vers 2014, huile sur toile

Etel Adnan réalise cette œuvre sans titre vers 2014. Il s’agit d’un petit format peint à l’huile sur toile. La composition se décrit par un large carré de couleur posé sur un fond contrasté, avec des bandes horizontales, un cercle évoquant un astre et des aplats juxtaposés sans dégradé.

La composition est géométrique mais libre, sans rigidité mathématique : les formes flottent et s’équilibrent d’un bord à l’autre. Elle utilise le couteau à peindre, les couleurs sont appliquées par couches denses, nettes et sans transparence, créant des surfaces opaques, planes et puissantes.

Aucune texture n’est visible, la matière est lisse, parfois striée par le passage du couteau, mais sans empâtement ni repentir. Les couleurs primaires et secondaires sont très saturées (orange brûlé, jaune pur, rose vif, bleu nuit et vert herbe, qui sont posés côte à côte sans transition).

La juxtaposition crée une tension chromatique vibrante, un jeu entre chaleur et froideur et entre lumière et masse. Chaque teinte semble autonome, porteuse d’un climat ou d’une sensation intérieure, sans mimétisme avec le réel.

Même sans titre, la toile évoque souvent un paysage mental (mer, montagne, soleil, ciel) réduits à leurs structures élémentaires). Le cercle peut être lu comme un astre, un œil ou encore une énigme solaire (présence fixe dans une composition mouvante).

L’œuvre donne donc l’impression d’un instant suspendu dans l’espace, sans narration ni profondeur classique mais plus dans l’esprit d’une méditation visuelle.

Cette abstraction naît d’une expérience directe du paysage et d’un rapport au territoire et à la mémoire (notamment le Mont Tamalpais en Californie) mais aussi de l’exil, du déplacement et du souvenir.

L’espace pictural devient donc un lieu intérieur qui n’est pas représentation mais condensation (ce que la montagne, la mer et la lumière ont laissé dans l’esprit). L’œuvre incarne donc une forme de langage silencieux, équivalent pictural de la poésie d’Adnan.

Cette peinture est typique de la dernière période de l’artiste : synthétique, dense, lumineuse et concise, elle concentre son geste et sa pensée. Elle illustre la capacité de l’artiste à construire un monde en quelques formes, sans bruit et sans discours, mais avec une évidence presque archaïque.

Elle montre aussi la force visuelle d’une abstraction affective et méditative, libérée de toute école mais ancrée néanmoins dans le réel.

Sa signature

Les œuvres de Etel Adnan ne sont pas toutes signées.

Même s’il y existe des variantes, voici un premier exemple de sa signature :

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