Une production typique du Japon : la porcelaine Imari

Cette semaine, un de nos lecteurs a envoyé à notre commissaire-priseur, Céline Béral, un plat en porcelaine. De par son décor bien caractéristique en bleu, rouge et or, notre experte reconnaît immédiatement une production typique du Japon : celle dite d’« Imari », du nom du port même qui exportait ces porcelaines en Occident au XVIIIème siècle.
L'histoire de la porcelaine du Japon
Derrière ce plat en porcelaine, se cache une histoire particulière : celle de la céramique au Japon. Dans le domaine des arts, le pays du Soleil Levant s’est toujours distingué par son originalité. Si les pays voisins, comme la Chine et la Corée, sont fascinés par la douce translucidité de la porcelaine, ce n’est qu’au XVIIème siècle que cette technique est maitrisée par les Japonais. Avant sa découverte , les japonais privilégient l’art du grès ( une technique de céramique qui se vitrifie à haute température ) qu’ils décorent à l’aide d’oxydes métalliques. Les pièces en grès reçoivent alors des glaçures et décors réalisés de manière aléatoire, sous forme de coulures, de tâches qui conviennent parfaitement à l’esprit -si ancré dans la tradition japonaise- de la cérémonie du thé. Une poésie et une beauté de l’imperfection mises en exergue par les maîtres céramistes japonais.
Cependant, au XVIIème siècle, le pays entre en guerre avec la Corée et découvre alors le secret de la porcelaine, en emprisonnant des potiers coréens dans les geôles japonaises. Les temps changent alors : le Japon développe à son tour, l’art si précieux de la porcelaine, pour satisfaire son aristocratie, mais aussi pour permettre la commercialisation avec un Occident en demande de ce genre de pièces. De nouveaux décors apparaissent alors : les uns imitant, sur porcelaine, les anciens grès, d’autres s’inspirant de la porcelaine chinoise bleue et blanche, enfin ceux en couleurs dits d’Imari et de Kakiemon.
Le décor d'Imari
Le décor dit d’ « Imari » est reconnaissable à ses couleurs et à ses motifs. La porcelaine est ornée d’un motif bleu et rouge sur fond blanc, qu’on réhausse d’éléments dorés. Souvent, le plat ou l’assiette est orné d’un motif central et son aile est agrémentée de cartouches ou de motifs en frises, représentant végétaux ou animaux. « L’Imari » connaît un franc succès au Japon mais surtout en Europe, à tel point s’ailleurs que ce style décoratif prend le nom de son port d’exportation, Imari. La Compagnie des Indes hollandaises importe ces pièces en Europe par cargaisons entières dans les calles des bateaux. La production s’industrialise, pour s’adapter parfois totalement aux goûts européens, plus friands de l’aspect décoratif que symbolique, des ces décors très fréquents dans la porcelaine japonaise.
Le succès sera tel que les copies d’Imari sont désormais légion : la Chine produit des « Imari chinois » qui trompent un œil averti ; les manufactures de faïence de Delft, aux Pays-Bas, qui inventent le décor « Delft doré », copié des porcelaines japonaises. Ce sont enfin toutes les manufactures de porcelaine Européennes qui s’inspirent de ce décor typique du Japon.
L’ampleur de ce succès est telle que depuis son invention, le décor d’Imari n’a jamais cessé d’être produit: on peut encore en acheter au Japon de nos jours…
Estimation de l'assiette d'Imari
Malheureusement pour notre lecteur, ce qui n’est pas rare, n’est que très peu souvent cher : son assiette Imari, que notre commissaire-priseur pourrait dater du XIXème siècle, est à estimer entre 30 et 50 euros. Pour espérer obtenir une estimation plus conséquente, il faudrait être en présence d’un modèle plus élaboré, ou d’un décor plus rare…