Métal argenté ou argent ? Notre guide pour faire la différence !

Cette semaine, un de nos lecteurs soumet à notre commissaire-priseur, Céline Beral, une partie de ménagère. Celui-ci indique à notre commissaire-priseur qu'il s'agit d'argent... Mais tout ce qui brille... n'est pas d'argent ! Après quelques vérifications, notre commissaire-priseur lui précise qu'il s'agit en réalité de métal argenté.
Si les tables des puissants sont agrémentées de pièces d’orfèvreries luxueuses jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, le XIXème siècle marque l'essor de l'industrialisation et de la production de masse. Ces nouveaux enjeux s'emparent des arts en général et l'orfèvrerie n'est pas en reste avec la technique du métal argenté, qui va permettre à la classe moyenne de s'offrir des arts de la table, et ce, à un prix raisonnable. A la différence des ménagères en argent, qui sont réalisées en argent massif, ou en vermeil (c'est à dire de l'argent recouvert d'une fine couche d'or), la technique utilisée ici est celle de la galvanoplastie : on trempe une pièce, par exemple une fourchette en cuivre, dans un bain électrolytique qui contient un élément métallique d'argent. Par un courant électrique qui va passer dans l'eau, l'argent va se déposer, passant de son élément principal, à la fourchette. Elle sera alors gainée d'argent et ressemblera comme deux gouttes d'eau à une pièce fabriquée en argent massif, tout en ayant permis d'employer que quelques milligrammes du précieux métal au fabricant.
Ce procédé, connu depuis l'antiquité, est amélioré au XIXème siècle et employé dans les arts de l'orfèvrerie après le dépôt de brevets officiels par le Français Henri de Ruolz et l’Anglais Henry Elkington.
La maison Christofle, une figure iconique
Mais la figure iconique du métal argenté et – et reste au XXème siècle- Charles Christofle. Le bijoutier parisien, travaillant originellement l'argent et l'or, va avoir l'idée de racheter les brevets et de démocratiser la production d'objets en métal argenté. De cette idée, la maison va s'en faire une spécialité.
Ce procédé révolutionnaire et presque social – l'accessibilité d'une part du luxe à une tranche plus large de la population – sera largement plébiscité et fera le succès de la maison. Christofle distribue encore aujourd'hui ses couverts et pièces de forme dans le monde entier. La firme sera récompensée par de nombreuses médailles aux expositions universelles, mais également par la commande impériale de Napoléon III de pièces d'orfèvrerie en métal argenté !
Comment reconnaître une ménagère en argent ?
Si vous vous demandez alors si vous possédez chez vous une ménagère en métal argenté par galvanoplastie ou de véritable argent, l'astuce est simple !
Munissez-vous de vos lunettes et regardez de plus près les marques sur votre fourchette ou votre couteau.
En général, les pièces d'argent sont frappées de deux poinçons : un poinçon de maître, que l'on retrouve dans un losange, et un poinçon de garantie – qui confirme auprès de l'acquéreur le titre de l'argent, c'est à dire sa composition. En général, en France, on retrouve un poinçon de garantie sous la forme d'une Minerve – une tête de femme casquée – dans une forme hexagonale.
Quant à l'objet en métal argenté, il sera poinçonné d'un simple carré avec un chiffre présent qui indique la masse d'argent utilisée pour couvrir le lots de couverts. A vos recherches ! En général, les pièces en argent sont plus recherchées que celle en métal argenté. Cependant, quelques pièces en métal, par exemple celles issues de commandes spéciales à l'instar des objets réalisés pour les grands paquebots des années 1930, ou celles qui portent des poinçon d'orfèvres prestigieux, peuvent atteindre des résultats extraordinaires aux enchères.