Cote et valeur des tableaux, dessins, peintures de Paul Élie Ranson

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Cote et valeur de l’artiste

Peintre Nabi, Paul Élie Ranson bénéficie aujourd’hui d’une cote assez élevée sur le marché de l’art – surtout en ce qui concerne ses peintures.

Apprécié par les collectionneurs, certaines de ses toiles peuvent se vendre des centaines de milliers d’euros aux enchères : le prix auquel elles se vendent sur le marché de l’art s’échelonne entre 30 et 400 000€, un delta considérable mais qui en dit long sur la valeur qui peut être attribuée aux œuvres de l’artiste.

En 2020, son huile sur toile intitulée Trois baigneuses aux Iris ou Femmes au bain, datant de 1896, a été vendue à hauteur de 400 000€ tandis qu’elle était estimée entre 250 000 et 350 000€.

Ordre de valeur allant du plus basique au plus prestigieux

Style et technique de l’artiste

Paul Élie Ranson (1861-1909) est un artiste nabi et symboliste.

Il est un des membres fondateurs du groupe des Nabis. Il développe un langage pictural synthétique, décoratif et spirituel, en rupture avec le naturalisme.

Concernant les affinités symbolistes, son œuvre s’est distinguée des autres Nabis par une veine mystique et ésotérique marquée, qui est proche de l’art de Redon ou de Gustave Moreau.

L’artiste fut fasciné par la théosophie, l’ésotérisme, la magie et le théâtre symbolique, et a donc souvent intégré des éléments religieux ou païens dans ses compositions.

Ranson a souvent travaillé avec des compositions décoratives, utilisant des formes cernées, des aplats de couleurs vives, et travaillant l’absence de profondeur illusionniste. On retrouve chez lui une certaine influence de l’estampe japonaise et du cloisonnisme de Gauguin.

Ses dessins sont la plupart du temps stylisés et synthétiques, il privilégie les formes simplifiées, parfois presque enfantines, au profit de l’harmonie globale de l’image. Sa palette est chaude et surnaturelle, les couleurs qu’il utilise sont riches et contrastées (rouges profonds, ors, bleus violacés), qui créent une atmosphère onirique ou rituelle.

Il emploie aussi des textures mates et opaques, en appliquant la peinture de manière régulière, sans modelé académique, avec des contours nets et parfois décoratifs. Les matières mixtes qu’il utilise en complément de la peinture à l’huile enrichissent son corpus (panneaux décoratifs, illustrations, marionnettes ou encore décors de théâtre).

Il travaille avec des thèmes récurrents, représentant des allégories et des figures mythiques comme des sorcières, des prêtresses, des satyres, des scènes de sabbat ou d’invocations – qui viennent de l’influence directe de son intérêt pour les sciences occultes.

Les femmes magiciennes ou fatales sont présentes dans bon nombre de ses œuvres, souvent nues ou drapées, elles incarnent des forces mystérieuses et ambivalentes. L’artiste fait aussi appel à un symbolisme végétal, les lignes sinueuses, les plantes imaginaires ou encore les décors stylisés renforcent le lien entre nature et spiritualité.

L’œuvre de Paul-Élie Ranson établit donc un pont entre Art nouveau et symbolisme, dans la mesure où par son goût du décor et du mystère, Ranson préfigure l’Art Nouveau tout en prolongeant l’imaginaire symboliste.

Il est une voix singulière chez les Nabis, puisque moins tournée vers la vie quotidienne que Vuillard ou Bonnard, son œuvre explore davantage les marges de la conscience et du sacré.

Paul Élie Ranson, sa vie, son œuvre

Paul Élie Ranson (1861 – 1909) est né à Limoges. Il est le fils d’un directeur d’une école de dessin et est très tôt initié aux arts plastiques. Il est formé à l’École des Beaux-Arts de Limoges, puis aux Beaux-Arts de Paris. Ensuite, il choisit l’Académie Julian, où il rencontre Sérusier, Bonnard, Denis et Vuillard, groupe d’artistes qui vont constituer le futur noyau du groupe Nabi.

Il cofonde le groupe des Nabis en 1888, aux côtés de Paul Sérusier, avec la volonté de rompre avec l’académisme et de faire de la peinture un langage spirituel. Il participe activement à l’exposition des Nabis, notamment au Salon des Indépendants et chez le marchand Le Barc de Boutteville.

Il mène plusieurs travaux décoratifs, réalisant des paravents, des panneaux muraux, des illustrations, des décors de théâtre et des marionnettes, dans un esprit synthétique et symboliste.

Sa carrière est également très liée au théâtre et à l’ésotérisme, il est passionné de spiritualisme, de théosophie et d’occultisme, et fonde en 1891 le Théâtre d’Art et de marionnettes, où il conçoit les décors et les textes, mêlant ainsi mystique et art visuel.

Affaibli par une maladie chronique (probablement la tuberculose ou une affection intestinale) il connaît des années difficiles ponctuées par une santé fragile à la fin de sa vie. Il meurt prématurément à Paris à l’âge de 47 ans.

Même s’il est aujourd’hui moins connu que Bonnard ou Vuillard, il est redécouvert au XXème siècle comme un représentant singulier du symbolisme nabi, à la croisée de l’ésotérisme, de l’Art nouveau et de la peinture décorative.

Focus sur Les sorcières autour du feu, Paul Élie Ranson, 1891

L’œuvre représente une scène occulte et rituelle, un cercle de sorcières nues, accroupies autour d’un feu, dans un passage nocturne stylisé. La composition est construite en rotation, les corps forment un anneau autour de la flamme centrale, ce qui renforce l’effet de rituel magique.

Il y a une absence de narration précise : il ne s’agit pas d’un récit mais d’une scène suspendue, comme un rêve ou une vision symbolique. L’atmosphère du tableau est conçue pour être étrange et envoutante, les corps sont blêmes, les attitudes figées, le fond sombre et les flammes suggèrent une scène entre magie, sommeil et hypnose.

Le cercle, le feu et la nudité rituelle renvoient aux pratiques occultes et aux croyances théosophiques chères à Ranson. Il fait également allusion à la sorcière comme une figure de pouvoir féminin : loin de la caricature, les femmes sont ici presque sacrées, comme des prêtresses d’un savoir ancien.

Les formes sont cernées et travaillées grâce aux aplats de couleurs. Les corps sont stylisés, aux contours nets, les couleurs sont posées en larges zones mates sans modelé, dans l’esprit nabi.

La palette utilisée par l’artiste est sombre et contrastée, les ocres, rouges et noirs profonds dominent, accentuant le caractère nocturne et sacré de la scène.

Il s’agit là d’une simplification volontaire puisque Ranson cherche une image-symbole plus qu’une scène réaliste, à la manière des estampes japonaises qu’il admire.

L’œuvre mêle donc archaïsme (sorcellerie, feu,) et avant-garde (stylisation, schématisation), afin de proposer une peinture qui parle à l’inconscient.

Cette vision de la magie féminine et du cercle initiatique peut aussi être lue comme une projection du propre univers spirituel de Ranson. 

Sa signature

Les œuvres de Paul Élie Ranson ne sont pas toutes signées.

Même s’il y existe des variantes, voici un premier exemple de sa signature.

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