Les malles Louis Vuitton : une pièce rare et recherchée !

Cette semaine, un lecteur envoie à Céline Beral, notre commissaire-priseur, une malle tapissée d’un motif reconnaissable entre tous.
La malle que nous estimons cette semaine arbore en effet une toile enduite du célèbre malletier Louis Vuitton. On reconnaît en effet cette alternance de fleurettes circulaires et quadrifoliées ainsi que le monogramme LV qui a fait sa renommée.
Qui est Louis Vuitton
Simple artisan parti à pied à 13 ans de son Jura natal, Louis Vuitton (1822-1892) a conquis la capitale en devenant rapidement le fournisseur des toilettes de l’Impératrice Eugénie. Il ouvre sa première boutique proche de la place Vendôme en 1854 et révolutionne le commerce de la malle de voyage en inventant la malle plate. Elle vient remplacer des modèles autrefois bombés qui étaient malaisés à transporter et à placer dans les trains. Le chemin de fer se développe à une vitesse fulgurante à cette époque et Vuitton croule bientôt sous les commandes de la bourgeoisie qui souhaite « voyager pratique ». La qualité de ses malles amène très vite les premières contrefaçons. Son fils George à alors l’idée de créer une toile à motifs particulière pour tapisser leurs productions et se différencier.
L'origine du monogramme Louis Vuitton
Outre le monogramme de la compagnie « LV », on y trouve un curieux motif de fleurettes à quatre pétales.
D’où vient cette inspiration ? La réponse est à chercher du côté du Japon.
En effet, comme au Moyen-Âge en Occident, les grandes familles nippones possèdent des armoiries appelées « mon ». Ces blasons sont portés par les seigneurs sur leurs vêtements, cuirasses et objets de voyage. Très souvent, on retrouve ces motifs sur des objets en laque doré sur fond noir. L’un des plus courants est justement un « mon » à motif de fleurs quadrifoliée. Les laques japonaises ont voyagé dès le XVIème siècle en Occident à travers les bateaux des Compagnies des Indes et ont inspiré de nombreux artistes et artisans. Ainsi, les ébénistes allemands installés à Paris au XVIIIème siècle ont repris ce motif de fleurs pour la marqueterie de leurs meubles sous Louis XVI et l’on appelle ce type de décoration la « marqueterie à la reine » car il se dit que Marie-Antoinette en était friande. Nul doute que Vuitton a eu à cœur de s’inspirer à la fois de cette excellence du mobilier français mais aussi de ces objets de voyage d’Extrême-Orient pour décorer sa fameuse malle. On retrouve en effet des motifs écrus sur fond brun, rappelant l’or sur fond noir du laque japonais.
Estimation de la malle
La malle qui nous préoccupe aujourd’hui n’est peut-être allée jusqu’au Japon mais elle n’en est pas moins ancienne et date sans doute du premier tiers du XXème siècle. Il n’est pas rare de voir des initiales sur ce type de malles qui correspondent à une personnalisation de son ancien propriétaire. On peut également trouver des étiquettes correspondant aux lieux traversés lors des voyages. Très recherchée par les collectionneurs, celle-ci peut être estimée entre 3000 et 5000 € aux enchères. Quant au monogramme Vuitton, on le retrouve maintenant dans les boutiques du monde entier, et notamment sur l’archipel nippon où la société réalise le 1/5 de son chiffre d’affaires mondial !