Invitation au voyage : Un beau dessin orientaliste

Cette semaine, une de nos lectrices soumet à notre commissaire-priseur, Céline Beral, un dessin réalisé au crayon de papier, avec quelques rehauts rosés pour la bouche et les pommettes. Il représente une jeune femme aux traits graciles, la main levée vers la tête. Ses cheveux sont tressés et elle porte sur la tête un turban brodé. La signature est malheureusement illisible. Décryptons ensemble ce qui se cache derrière notre séduisante inconnue.
Si les traits et la coiffure de la belle laissent à penser à un portrait d’aristocrate ou de bourgeoise du XIXème siècle, le turban dans ses cheveux est quant à lui, quasiment une invitation au voyage… Et pour cause : il nous renvoie directement à l’Orient et à ses charmes, à l’instar de toute une génération de peintres du XIXème siècle qui a tenté de représenter ces contrées lointaines.
L'orientalisme
Si les civilisations extra-occidentales ont toujours fasciné les artistes, le courant artistique orientaliste coïncide surtout avec des événements politiques. Les expéditions napoléoniennes et notamment la campagne d’Egypte, durant laquelle l’empereur se fait accompagner de scientifiques et d’artistes, apportent des images nouvelles de ces zones encore méconnues. La conquête de l’Algérie, en 1830, permettra aux artistes d’aller étudier directement les paysages et populations de l’Orient et d’en tirer de nouveaux sujets. Pour exemple, Eugène Delacroix fera partie de cette première génération de peintres qui se rendront directement au Maghreb : l’artiste réalisera un périple de 7 mois en Afrique du Nord dont il réalisera de nombreux croquis qui révolutionneront directement sa peinture.
Les peintres Orientalistes
Parmi les thèmes de prédilection des artistes orientalistes, on trouve alors les paysages qui figurent les villes d’Afrique du Nord mais c’est le désert qui retient les attentions. Fantasias et caravanes jouent alors leurs spectacles sur fond de dunes à perte de vue… Théophile Gautier remarque d’ailleurs l’engouement pour ce sujet, en 1859, en notant qu’il y avait « autant de parasols dans le désert que de paysagistes dans la forêt de Fontainebleau » !
Autre sujet d’exaltation et adapté à l’infini par les peintres : les scènes de Harem. Les orientalistes se délectent de l’atmosphère fébrile et sulfureuse de ces endroits à l’abri des regards et en font un de leurs thèmes de prédilection. La sensualité fait vendre et dans la société puritaine de l’époque, le Harem devient un fabuleux moyen de représenter la nudité féminine : les odalisques – esclaves attachées au service des femmes d’un harem – deviennent un prétexte à la présentation de corps aux lignes ondoyantes, en général très peu vêtus, si ce n’est de quelques voiles transparents et de leurs turbans – turban que l’on retrouve d’ailleurs sur notre inconnue.
Estimation de l'oeuvre
Ainsi, le dessin de notre lectrice est probablement une étude préparatoire d’odalisque – en témoigne le manque de fini de certains éléments, comme les mains – pour une composition de plus grande importance. Il est à dater du XIXème siècle, et à estimer de 80 à 120 euros.