Cote et valeur des sculptures, bronzes de Jean-Jacques Feuchère

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Cote et valeur de l’artiste Jean Jacques Feuchère

Jean-Jacques Feuchère est un artiste issu du groupe des réalistes. Son héritage se compose de sculptures dans plusieurs matériaux et de dessins. A présent, les prix de ses œuvres explosent au marteau des commissaires-priseurs.

Ses sculptures sont particulièrement prisées surtout par les acheteurs français et anglais, et le prix auquel elles se vendent sur le marché de l’Art s’échelonne entre 150€ et 170 000€, un delta considérable mais qui en dit long sur la valeur qui peut être attribuée aux œuvres de Feuchère.

En 2022, un bronze, Satan méditant sur son crime, probablement son œuvre la plus célèbre, datant de 1834 a été vendu à hauteur de 170 000€ tandis qu’il était estimé entre 60 000 et 80 000€. La cote de l’artiste est haute et varie en fonction de la quantité d’œuvres présentes sur le marché des enchères.

Ordre de valeur allant d’une œuvre simple à la plus prestigieuse

Style et technique de l’artiste Jean-Jacques Feuchère   

Jean-Jacques Feuchère (1807 – 1852) est un sculpteur à la croisée du romantisme noir et du néoclassicisme. Son œuvre incarne une veine romantique sombre, héritée de ses contemporains et de son maître Jean-Pierre Cortot.

Il conserve malgré tout une rigueur classique dans la composition et s’intéresse aux sujets fantastiques, religieux, mythologiques ou allégoriques, avec une prédilection pour les figures marginales ou ambivalentes comme les anges déchus, damnés et les poètes maudits.

Son style s’inscrit donc dans la mouvance du romantisme noir, avec un goût prononcé pour le mystère, la mélancolie et la transgression. Son œuvre démontre une excellente maîtrise du bronze, il collabore avec les meilleurs fondeurs parisiens de son temps, comme Honoré Gonon, ce qui lui permet de réaliser des pièces d’une extrême précision.

Ses bronzes présentent ainsi des surfaces finement ciselées, avec un jeu subtil entre les zones lisses et les détails texturés (plis de la peau, tissus, ailes, chevelures …). Il excelle aussi dans le modelage de la cire et de l’argile, préparant avec soin ses compositions, qui sont souvent très théâtralisées.

Feuchère utilise la lumière comme élément dramatique, en alternant les volumes massifs et les creux profonds, ce qui permet de donner à ses figures un effet d’émergence ou de disparition.

Le rendu de la chair et des surfaces organiques est souvent contrasté avec des accessoires métalliques, roches ou flammes stylisées, accentuant ainsi le caractère surnaturel de certaines sculptures.

Il porte une grande attention aux expressions faciales, qui mêlent souvent douleur, extase, gravité et inquiétude dans une logique expressive plutôt que naturaliste. Les postures sont souvent étirées ou courbées, traduisant une certaine tension intérieure, comme dans son célèbre Satan recroquevillé sur lui-même.

Les corps avec lesquels il travaille sont nerveux, parfois maigres, traduisant une esthétique de la souffrance ou de la révolte, loin des idéaux héroïques classiques. Feuchère puise son inspiration dans la Bible, mais aussi chez Dante, Byron et plus largement dans le romantisme littéraire, associée à une lecture personnelle de l’iconographie chrétienne.

Il fait partie des premiers sculpteurs français à incarner une vision symboliste avant l’heure, par opposition aux commandes historiques officielles. Il mêle de cette façon la sculpture narrative, l’imagerie religieuse et la poésie noire, dans une œuvre profondément personnelle.

La vie de Jean-Jacques Feuchère   

Jean Jacques Feuchère est né à Paris en 1807, dans un contexte postrévolutionnaire propice à la réinvention des arts. Elève de Jean-Pierre Cortot, il bénéficie d’une formation académique rigoureuse dans le goût néoclassique et complète son apprentissage par l’observation directe des antiques.

Cependant, l’artiste développe rapidement une sensibilité plus sombre et introspective. Il expose au Salon de Paris dès 1831, et y est régulièrement remarqué pour des œuvres à la fois techniquement maîtrisées et thématiquement atypiques.

Satan méditant sur son crime (1833) devient une œuvre emblématique de son œuvre. Il y présente une figure recroquevillée, introspective et loin des représentations démoniaques classiques.

Il fréquente les cercles artistiques et littéraire romantiques, notamment ceux qui sont sensible au romantisme noir et au fantastique. Il collabore avec des grands fondeurs de bronze, dont Honoré Gonon, ce qui lui permet de diffuser certaines de ses œuvres à grande échelle.

Il réalise également des commandes décoratives pour des monuments publics ou des églises, sans jamais renoncer à sa veine plus personnelle. Il travaille aussi pour l’orfèvrerie et le décor, concevant des objets raffinés (candélabres, fontes ornementales) dans le goût romantique.

Même s’il a reçu une formation académique, Feuchère se distingue par ses choix thématiques audacieux, inspirés de la mystique chrétienne, de la littérature gothique et de la symbolique morale. Il se dinstingue ainsi d’artistes de son époque comme Charles Valton ou James Pradier.

Il attire à la fois les critiques et les admirateurs, et ne se plie pas aux modes officielles de la monarchie de Juillet, et explore des figures de la douleur, de l’isolement et de la chute, souvent perçues comme préfigurations du symbolisme de la fin du siècle.

Jean-Jacques Feuchère meurt prématurément à l’âge de 45 ans, l’essentiel de sa carrière s’étant déroulé sous la monarchie de Juillet, dans un moment charnière entre classicisme finissant et romantisme visionnaire. Son œuvre a longtemps été marginalisée, mais elle est réévaluée à partir du XXème siècle pour son apport au romantisme noir et à l’émergence d’un art visionnaire en sculpture.

Focus sur Satan méditant sur son crime, Jean-Jacques Feuchère, 1833

Satan méditant sur son crime est une œuvre de Feuchère réalisée pour la première fois en 1833 et reproduite sur plusieurs années, victime de son succès. Les dimensions sont variables selon les fontes, la version originale est de taille modeste puisque pensée pour la fonte d’édition.

L’œuvre est conservée dans plusieurs collections, notamment au Louvre (fonds du département des sculptures). Elle représente un Satan nu, replié sur lui-même, assis et pensif dans une posture totalement inédite pour l’époque.

Le choix du sujet s’écarte des représentations classiques de Satan en figure flamboyante ou triomphante. Ici, Feuchère le représente dans le doute, le remords ou peut-être la lucidité amère, la tête penchée, les mains jointes et les épaules voûtées.

L’œuvre humanise le mal en insistant sur l’introspection et la mélancolie, et non sur la monstruosité ou la damnation spectaculaire. Le corps est dense, ramassé, et fermé sur lui-même, ce qui symbolise la tension psychique du personnage.

Les muscles sont marqués mais sans ostentation, puisque Feuchère privilégie l’expressivité anatomique à la puissance physique. Le visage, semi-ombragé par la posture, suggère la pensée plutôt que la rage, créant une atmosphère méditative et silencieuse.

L’œuvre s’inscrit dans la veine du romantisme noir, proche de Byron, Goethe ou Goya, avec une fascination pour les figures d’ombres ambivalentes, déchues mais lucides. Elle annonce dans son traitement certaines tropes symbolistes de la fin du XIXème siècle (solitude, chute intérieure et doute métaphysique).

Le personnage devient presque une allégorie de l’artiste lui-même, dans sa dualité entre lumière et nuit, savoir et révolte. La fonte est d’une grande finesse, avec un travail minutieux des surfaces : peau lisse et mate, contrastée par des zones d’ombre.

La patine, souvent un brun profond ou noir nuancé vient accentuer la gravité du sujet. La composition fermée créé une forme autonome, quasi sphérique, que l’on peut analyser de tous les côtés.

A sa présentation au Salon de 1833, l’œuvre intrigue mais dérange par son sujet inhabituel et sa charge émotionnelle. Elle est souvent rééditée au XIXème siècle, ce qui explique sa présence récurrente aux enchères, et devient une figure de collection prisée par les amateurs de romantisme et de symbolisme.

Elle est désormais considérée comme l’une des premières figures modernes de la sculpture introspective, à la frontière entre mythe et psychologie.

Reconnaître la signature de Jean-Jacques Feuchère   

L’artiste ne signe pas toujours ses œuvres. Il est préférable si vous pensez en posséder une de faire expertiser votre bien. La signature peut différer en fonction du type d’œuvre : sculpture, dessin ou autre. Il existe également des copies, c’est pourquoi l’expertise est importante.

Connaître la valeur d’une œuvre

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