L'art déco : Une élégante danseuse aux cymbales expertisée

Sculpture en régule représentant une jeune femme

Cette semaine, un de nos lecteurs soumet à Céline Beral, notre commissaire-priseur, une sculpture figurant une jeune danseuse aux cymbales. Elle est signée « Derenne ».

Une production style "Art Déco"

Notre commissaire-priseur y reconnaît tout de suite production tout à fait emblématique du style « Art Déco ». Ce mouvement artistique de l’entre-deux guerres puise dans des inspirations aussi diverses que l’antiquité, le Proche-Orient, le Japon, l’Afrique le XVIIIème siècle et les avant-gardes. Une mode à l’origine française – le nom étant tiré du Salon des Arts Décoratifs qui se tient à Paris en 1925 –  qui rayonnera à travers le monde, et influencera d'autres disciplines. En outre Atlantique,par exemple , les grands grattes-ciels tels le Chrysler Building, seront construits dans le style architectural "Art Déco".

Les tendances du style "Art Déco" : du cubisme aux sujets féminins

Dans la statuaire Art Deco, deux grandes tendances se dessinent. Certaines sculptures se rapprochent des avant-gardes, avec formes architecturées et cubistes, souvent très stylisées à l’image de personnalités emblématiques, tel François Pompon. Les secondes œuvres sont destinées à l'agrément, plus délicates, exaltent le plus souvent des sujets féminins, tels les groupes de femmes aux lévriers, des danseuses ou des musiciennes. Objets de délectation, souvent érotiques, ou tout au moins valorisant la délicate et longiligne beauté de la femme des années 1930, de grands sculpteurs s’en sont fait leur spécialité.


Les grands sculpteurs de l'Art Déco

Demetre Chiparus est l'artiste le plus emblématique de ce type d’oeuvres; il met à la mode ses créations figurant des danseuses, le plus souvent de ballets russes, dans des productions luxueuses dites « chryséléphantines »,c’est-à-dire en bronze doré et ivoire. Le franc succès de ce type de pièce lance une véritable mode et la production s’adapte. Certains artistes tels Max le Verrier ou Derenne -l’auteur de notre sculpture- voient les opportunités commerciales et financières de la production en grand nombre de petites statuettes figurant des danseuses et élégantes.


Un nouvel air : la production en série

Ainsi, qui dit production en série, dit réduction des coûts : le bronze est alors remplacé par le régule, alliage de plomb, d’étain ou d'antimoine, moins coûteux. C'est le cas pour cette jeune femme aux lignes courbes et élancées et à la pose très équilibrée. La patine de couleur de vert d’eau est typique des années 1930. Elle est aussi communément appelée patine « vert antique », du nom de la couche d’oxydation qui se forme sur les bronzes grecs et romains, et qui a cette couleur si caractéristique.  


Estimation de la danseuse aux cymbales

Notre bronze signé Derenne est une œuvre produite en série et non numérotée, mais malgré tout très décorative : elle peut être estimée autour de 200 à 300 euros. Elle sera néanmoins recherchée des collectionneurs que cette période fascine toujours. Les années folles enchantent toujours les amateurs par son aura sulfureuse, période de débauche du luxe et de plaisirs avant le tristement célèbre épisode de la Grande dépression. Une passion sans cesse remise au goût du jour, à l’instar des grandes productions américaines qui revisitent avec joies les sulfureuses années 1930, tel le film de Baz Lurhmann, Gatbsy le Magnifique !